Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad
Richard Labévière
Richard Labévière

Les mutations organisationnelles et géographiques post-daechienne

lundi 15/janvier/2018 - 05:11
طباعة

Plusieurs responsable militaires et politiques de la Coalition occidentale contre l’Etat islamique d’Irak et de Syrie viennent de crier victoire : Daech est vaincu et bien vaincu ! Ces déclarations entrent en résonnance avec les mots de la bannière « Mission accomplie », placardée sur le château du porte-avions USS Abraham Lincoln à l’occasion du discours de George W. Bush, le 1er mai 2003. Cette intervention du président américain entendait marquer la fin des combats conventionnels de l’opération baptisée « Liberté irakienne » engagés pour renverser Saddam Hussein. Celui-ci était accusé de détenir des armes de destruction massive et d’entretenir des liens opérationnels avec la Qaïda d’Oussama Ben Laden. On connaît la suite.

Dans le même discours, George Bush précisait néanmoins que « la guerre contre le terrorisme n’était pas terminée ». On connaît aussi l’autre suite désastreuse, celle d’un mensonge sans fin… Et quinze ans plus tard, il est à craindre que les puissances occidentales répètent les mêmes erreurs qui aggraveront - de la même manière - le mal qu’elles étaient censées combattre. En effet, le démantèlement des bases territoriales de Daech ne signifie certainement pas, ni la fin de Daech, ni celle du terrorisme islamiste.

Un premier malentendu concerne l’expression « guerre contre le terrorisme » ou « guerre contre la terreur ». Inutile de relire Clausewitz pour savoir qu’on fait toujours la guerre à un ennemi identifié dans l’espace et le temps. Le terrorisme - qui est un flux, une méthode de combat asymétrique du faible au fort et dont les Nations unies n’arrivent pas à imposer une définition universelle et reconnue depuis plus de trente ans - ne correspond pas à cet ennemi qu’il s’agit d’identifier avant le combat. Autrement dit : on ne peut pas faire la guerre au terrorisme, ni à la terreur, l’expression étant un non-sens parfaitement illogique, tant sur le plan linguistique qu’au niveau opérationnel. Mot d’ordre idéologique, la « guerre contre le terrorisme » a surtout servi à justifier un retour de la politique de la canonnière sous couvert d’ingérence humanitaires, « les guerres de l’empire

global » pour reprendre l’expression d’Alain Joxe1, et imposer la reconfiguration des intérêts occidentaux aux Proche et Moyen-Orient.

Alors, Daech vaincu ! La belle affaire ! Il convient de lever ici un deuxième malentendu : celui de la territorialité. Les hordes de l’organisation « Etat islamique » prennent Mossoul - deuxième ville d’Irak - le 9 juin 2014 et proclament le Califat le 24 juin du même mois. En revendiquant le contrôle d’un territoire transfrontalier - en Irak et en Syrie - Daech poursuit trois objectifs :

1) remettre en cause les frontières issues des accords de Sykes-Picot du 16 mai 1916, à partir desquels furent découpées les zones mandataires française et britannique qui servirent à justifier la cartographie des nouveaux Etats des Proche et Moyen-Orient après la Première guerre mondiale ;

2) fonder un proto-Etat basé sur un territoire, des frontières, un gouvernement, une administration, un budget, une monnaie et un drapeau ;

3) incarner la légitimité d’un jihad de proximité et de terrain contre les prétentions universalistes de la Qaïda d’Oussama Ben Laden, engagée dans un jihad ciblant l’ennemi lointain pour rassembler la Oumma, la communauté globale de tous les croyants.

Redéploiements territoriaux

Une fois militairement vaincu dans ses frontières auto-revendiquées, Daech n’en poursuit pas moins la lutte à partir de sanctuaires secondaires, au nord-est de la Syrie - le long de la frontière irakienne - notamment dans la région de Deir ez-Zor. D’autres zones comme celle d’Idlib (nord-ouest) et les banlieues de Homs et Hamas ont connu des « phénomènes de dilution » de Daech avec la formation de nouvelle unités combattantes changeant de nom et de sponsors. On assiste même à un autre « phénomène de mercenarisation », qui voit des égorgeurs de Daech rejoindre des unités kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) avec la bienveillante onction des services spéciaux américains.

Dans le genre, ces derniers n’en sont pas à leur coup d’essai. Sans remonter au débarquement américain de juillet 1943 en Sicile, ni au recyclage d’officiers nazis - comme par exemple Klaus Barbie - dans les services spéciaux américains, mis au service des dictatures sud-américaines des années 1970/1980, il faut se souvenir comment le Pentagone a constitué les unités de l’UCK (Armée de libération du Kosovo) en recrutant nombre de terroristes et criminels de guerre albanais s’adonnant aux trafics d’armes, de drogue et d’organes humains… Le

fait est qu’en Syrie aujourd’hui, les services spéciaux américains recyclent des criminels de Daech en les affectant à des unités combattantes des FDS et d’autres unités armées engagées contre l’armée gouvernementale syrienne.

Pour les quelques 20 000 combattants étrangers dénombrés dans les rangs de Daech, les situations sont contrastées, donnant lieu à différentes évolutions. Ceux qui n’ont pas été tués ou faits prisonniers peuvent décider de rester en Syrie ou en Irak, optant pour les solutions de « dilution », de « recyclage » ou de « mercenarisation ». La majorité des survivants cherche à regagner les pays d’origine ou de résidence, essentiellement les différents pays du Caucase dont l’Ingouchie, la Tchétchénie et le Daghestan. Un contingent de quelque 8000 Chinois, dont 3000 combattants - d’origine ouïghour du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) - avait pris ses quartiers dans la région d’Idlib. Selon différentes sources militaires, une partie d’entre eux a déjà regagné le Xinjiang pour y poursuivre la lutte armée contre les autorités chinoises.

Le redéploiement de Daech dans la bande sahélienne est d’un autre ordre. Le transfert physique d’hommes et de matériels du Proche-Orient dans les déserts sahélo-sahariens est demeuré un phénomène marginal. On a plutôt assisté à une mise en concurrence féroce entre les groupes jihadistes locaux (Al-Qaïda au Maghreb islamique/AQMI, Ansar Eddine, MUJAO, etc.), s’auto-parrainant, soit en faveur de la Qaïda, soit en faveur de Daech selon leurs intérêts et objectifs. Dans ces régions, il serait plus judicieux de parler d’affairo-islamisme ou d’affairo-terrorisme : les queues de réseaux GIA/GSPC algériens de la décennie sanglante (1988/1998) ont reflué dans le sud-sahélien dès la fin début des années 2000 pour investir différentes oasis de repli. Au commerce des otages, ils ont vite ajouté le transport de la cocaïne des cartels latino-américains, disposant de tête de pont aéroportuaires dans plusieurs Etats de l’Afrique de l’Ouest.

A ces activités de banditisme, les groupes terroristes locaux ont participé à l’élaboration de menaces dite « hybrides », mêlant trafics de drogue, d’armes, d’otages et d’êtres humains, parfois avec la complicité des autorités locales d’une zone caractérisée par la succession d’Etats faillis, des côtes de Mauritanie jusqu’à la Corne. Dans cette vaste zone où se mélangent économies informelles, banditisme et terrorisme, la situation libyenne mérite une attention particulière, car elle a fonction d’épicentre.

L’épicentre libyen

En mars 2011, le président français de l’époque Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron ont pris la lourde responsabilité d’engager une opération militaire en Libye. Par effet de contagion avec les événements de Tunisie et d’Egypte, le « printemps » libyen a vite tourné à la guerre civile et

suscité une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies : numéro 1973. Celle-ci stipulait l’établissement d’une « no-fly-zone » et l’acheminement d’aides humanitaires aux insurgés de Benghazi dans l’Est du pays. Sur cette base Paris et Londres décident unilatéralement - alors que Jean Ping, le patron de la Commission de l’Union africaine était en discussion avec Mouammar Kadhafi - d’actionner le chapitre VII de la Charte pour recourir à la force. En fait, il s’agissait - dès le départ - de lancer une guerre contre le régime de Kadhafi avec l’objectif clairement défini de changer de changer le régime de ce pays. Avec l’accord et l’aide de l’administration américaine, l’ancien chef de l’Etat libyen a été lynché sous le regard des caméras et des services actions de France et de Grande Bretagne.

La suite a été proprement désastreuse : rien n’avait été prévu pour le « jour d’après ». Les factions armées libyennes se sont ruées dans les casernes et dépôts d’armes de l’armée gouvernementale afin de consolider leur potentiel militaire, s’instaurant en autant de pouvoirs locaux dans l’ensemble du pays et tout particulièrement dans les régions pétrolières de l’Est. A cette polarisation armée se sont ajoutées des dynamiques tribales, communautaires et mafieuses, interactives débouchant - sans surprise - sur l’implosion de la Libye.

Une partition du pays s’est opérée entre la Cyrénaïque (est), la Tripolitaine (ouest) et le Fezzan (sud). Appuyés par des tribus de la région côtière de Syrtes (dont Mouammar Kadhafi est originaire), plusieurs groupes armés ont proclamé leur allégeance à Dae’ch, tandis que d’autres - dans la région de Sebbah au sud - en appelaient à la Qaïda… Avec le temps, s’est constituée une ligne allant de Sebbah jusqu’à Gât (sur la frontière avec le sud algérien, à la hauteur de Djanet), sur laquelle se sont installés une dizaine de camps de formation de djihadistes composant une espèce de syncrétisme Daech/Qaïda d’où sont issus nombre d’activistes de différentes groupes terroristes de la bande sahélo-saharienne.

A partir de la passe dite du « Salvador », ces activistes s’infiltrent au Niger, au Mali, en Mauritanie, jusqu’au Sénégal. Jusqu’à récemment, il était possible de dresser une cartographie de cette segmentation criminelle et d’y répondre par une Opex classique (opération extérieure). Ce fut le cas de Serval, puis de son extension à travers l’opération Barkhane. Afin de protéger Bamako, François Hollande donnait le feu vert à une intervention militaire en janvier 2013. Celle-ci s’est poursuivie jusqu’en juillet 2014 afin de soutenir les troupes maliennes cherchant à neutraliser les factions jihadistes qui avaient pris le contrôle de l’Azawad, la partie nord du pays. A partir du 1er août 2014 l’opération Barkhane a pris la suite, assurant le déployant d’une force de quelque 3000 hommes du Burkina Faso au Tchad, passant par Niger et Mali.

Avec le temps, la cartographie de la menace s’est brouillée, une nouvelle génération de jihadistes peuls investissant les villes du sud du Mali, ainsi que plusieurs localités du Burkina Faso et du Sénégal. La menace est devenue plus filandreuse, sinon rhizomatique, sans véritable centre ni continuité territoriale. Ainsi, l’opération Barkhane, ses casernements et patrouilles, sont devenus autant de cibles pour une nouvelle génération de terroriste plus urbanisée, plus mobile et mieux équipée. Cette évolution a provoqué un vif débat opérationnel au sein des instances françaises du contre-terrorisme : démanteler les infrastructures d’opérations fixes pour initier des opérations clandestines, voire des assassinats ciblés visant les chefs et financiers des Katiba nouvelles.

Intégrant plusieurs dimensions de politique intérieure, le président Emmanuel macron a, finalement arbitré en faveur de l’Armée de terre, donc pour la prolongation de l’opération Barkhane, en défaveur d’un engagement ponctuel des Forces spéciales (COS) et du Service action de la DGSE (services extérieures). Cette décision n’a pas intégré une autre évolution toute aussi préoccupante : la jonction des groupes Boko-Haram avec les braconniers et trafiquants d’ivoire d’éléphant et de cornes de rhinocéros. Cette nouvelle affirmation d’une menace terroriste hybride, plastique et rhizomatique a, organiquement besoin d’entrées et de sorties portuaires. Des masses d’eau comme les mers Méditerranée et Rouge supportent, accompagnent et amplifient ses redéploiements successifs.

Extension de la menace en mer rouge

La guerre civilo-globale de Syrie fait inter-agir cinq niveaux de conflictualité inter-actifs :

1) Etats-Unis contre Russie ;

2) Arabie saoudite contre Iran ;

3) Turquie contre Kurdes ;

4) Israël contre Iran et Hezbollah libanais ;

5) djihadistes de proximité (Daech) contre djihadistes globaux (Al-Qaïda).

Des dernières évolutions opérationnelles, on peut faire le constat suivant :

Niveau 1 : avantage à la Russie ;

niveau 2 : avantage à l’Iran ;

niveau 3 : confrontation à somme nulle ;

niveau 4 : avantage à l’Iran et au Hezbollah ;

niveau 5 : confrontation à somme nulle, perpétuation d’une surenchère terroriste et extension du territoire de la lutte. La guerre civilo-globale de Syrie a débordé ses frontières proche et moyen-orientale en direction de l’Asie centrale et du Sud-est, ainsi que de l’Afrique sahélo-saharienne.

En inventant une fitna Sunnites/Chi’ites au Yémen, qui tout en connaissant de nombreux déséquilibres régionaux, tribaux et claniques n’avait jamais vécu ce genre de phénomène, l’Arabie saoudite a pris la responsabilité d’exporter les niveaux 2, 4 et 5 de conflictualité au sud de la péninsule arabique. Les Houthis/Zaïdites - qui furent les alliés de la monarchie saoudienne contre les mouvements nationalistes arabes soutenus par Nasser dans les années 1960 - sont aujourd’hui diabolisés par Riyad comme une force terroriste alors qu’ils revendiquent surtout - depuis le début des années 2000 - des rééquilibrages régionaux en termes de répartition des pouvoirs, d’infrastructures et de subventions d’Etat.

En appelant à la formation d’une coalition sunnite contre les Houthis, Riyad n’a fait qu’alimenter une fitna qui n’a pas encore dit tous ses désastres et ruses. L’Arabie saoudite détruit l’un des pays les plus pauvres du monde avec ses chasseurs pilotés par des mercenaires ukrainiens, pakistanais et colombiens. Le Soudan a engagés quelque 3000 Janjawid, tandis que les Emirats arabes unies (EAU) ont déployé un cordon maritime impressionnant qui encercle le sud de la péninsule à partir de l’île yéménite de Socotra, les ports de Bossasso, Berbera (Somaliland) et d’Assab (Erythrée). Les EAU ont installé un état-major inter-armées sur l’archipel des Hanish qui commande le détroit stratégique de Bab el-Mandeb.

Pourquoi un tel déploiement ? D’abord parce que le cheikh Zayed craint pour l’avenir politique et territorial d’une Arabie saoudite fragilisé par ses révolutions de palais à répétition et qu’il s’agit de sécuriser militairement les EAU en cas d’effondrement de la monarchie wahhabite. Ensuite, et c’est certainement la logique la plus prégnante, une guerre des ports fait rage en mer Rouge et concerne l’ensemble de la Corne de l’Afrique. Dubaï - la Citée entrepôt - entend rester le port dominant, à l’articulation de l’océan Indien et de la Méditerranée.

Dans cette perspective, il s’agit de contrôler Aden en misant sur une nouvelle partition du Yémen. Il s’agit aussi d’empêcher Djibouti de poursuivre son ascension de « hub chinois », épicentre de cet axe stratégique souligné par la dernière Revue stratégique de défense et de sécurité remise au président français en novembre dernier : Méditerranée/Suez/mer rouge/océan Indien.

Plus en profondeur de la mer Rouge, en face du port saoudien de Djeddah, le Qatar et la Turquie sont en train d’équiper le port de Souakin, afin d’endiguer les

prétentions de Riyad en mer Rouge. Pour leur part, les Israéliens continuent à projeter leurs sous-marins (porteurs de l’arme nucléaire) à travers la mer Rouge jusqu’aux large des côtes du Pakistan, autre puissance nucléaire. L’extension de la guerre civilo-globale de Syrie produit ici un nouveau champ de conflictualité qui oppose d’un côté la coalition Arabo-émirienne à une convergence qataro-turque. Cette nouvelle posture en évolution génère évidemment sans surprise une réactivation de notre niveau 5 de conflictualité : djihadistes locaux (Dae’ch) contre djihadistes globaux (Al-Qaïda).

Redéploiements financiers, opérationnels et idéologiques

Ces redéploiements territoriaux successifs entraînent une recomposition drastique des filières de financements, le nerf de la guerre. Le contrôle d’un territoire garantissait des rentrées, certes illicites mais régulières (fonds bancaires, trafics de pétrole brut, coton et antiquités, impôts religieux, etc.). La décentralisation et l’éparpillement opérationnel nécessite d’autres sources d’argent et un retour aux moyens les plus archaïques de financement endogène : razzias, rançons d’otages, rackets, blanchiments de petite délinquance et autres rentes sécuritaires, etc.

Ainsi, l’après Daech entraîne aussi une recomposition financière de fond qui en accompagne d’autres : l’émergence de nouveaux modes opératoires, sinon une recomposition opérationnelle qui nous ramène à l’essence même des deux matrices Al-Qaïda/Daech, à savoir l’idéologie des Frères musulmans : haïr et combattre les Infidèles, faire haïr les Musulmans par les Infidèles pour que les premiers se regroupent afin de mieux combattre les seconds.

Cette dernière recomposition revêt une dimension territoriale spécifique qui concerne les pays occidentaux : Europe, Etats-Unis, Canada, Japon, Australie. Les derniers attentats revendiquer par Daech (Liège, quartier de l’Opéra à Paris notamment) confirment l’installation durable d’un terrorisme low-cost, sinon d’un lumpen-terrorisme selon lequel n’importe quel abruti peut foncer sur un policier avec un couteau en criant Allahou akbar…

De fait, cette ultime délocalisation de Daech (qui concerne aussi la Qaïda) en Europe amorce aussi une recomposition stratégique : poursuivre le jihad par tous les moyens possibles au sein même des sociétés occidentales. Ici, très précisément, les djihadismes de proximité et globaux (Daech et Al-Qaïda) opèrent une jonction stratégique syncrétique ; celle-ci ravive les modes opératoires terroristes théorisés à la fois par Saïd Qotb et Saïd Ramadan : violence et dissimulation par immersion dans les sociétés ennemies.

Sans oublier que la matrice des Oussama Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri, Abou Moussâab al-Zarquaoui et autres Baghdadi est commune. De cette filiation, il faut

dire et redire que celle-ci reprend les enseignements fondamentaux de la confrérie créée par Hassan Al-Banna en haute Egypte à la fin des années 1920. Sur le fond et en dernière instance, le message des Frères musulmans et clair et parfaitement clair : les vrais Musulmans doivent combattre les infidèles par tous les moyens (des plus pacifiques aux plus violents) pour imposer la Charia à l’ensemble de l’humanité dont le destin ultime ne peut qu’être la constitution d’une Oumma finale !

Répétons : dans cette perspective, les Musulmans doivent tout mettre en œuvre pour se faire haïr par les Infidèles afin de favoriser leur regroupement et une impossibilité de s’intégrer aux sociétés étrangères dans lesquelles ils se sont installés.

Ainsi, avec l’après Daech et à travers ses recompositions successives, la menace terroriste génère une espèce d’anomie permanente, pour reprendre le concept d’Emile Durkheim réactualisé par le sociologue Jean Duvignaud2 ; c’est-à-dire un moment de crise difficilement appréhendable, parce qu’inédit dans ses expressions, anticipations et dérèglements. Il s’agira aussi de lire et commenter attentivement la dernière contribution du politologue Ammar Belhimer3 qui s’est penché sur le modèle algérien de dialogue et déradicalisation.

"